mardi 19 décembre 2017

Charlotte - David FOENKINOS

David Foenkinos a obtenu le prix Renaudot, le prix Goncourt (lycéens) et le prix littéraire des Lauriers Verts en 2014 pour cet ouvrage.



Mon petit résumé :

Dans ce roman, l’auteur nous présente la destinée tragique de Charlotte Salomon, artiste peintre née dans une famille juive de Berlin en 1917.
En effet, David Foenkinos a un profond attachement pour ce personnage complexe et n’hésite pas à fournir un travail de recherche assez impressionnant pour rédiger son livre, dans lequel il se met en scène en tant que narrateur.
Charlotte hérite du prénom de la soeur de sa maman, jeune femme fragile qui s’est jetée d’un pont. Charlotte perd quelques années après sa mère. Pour autant, ses grands-parents et son père préfèrent taire la raison de la mort de sa maman, taire la multitude de suicides qui ont décimé une bonne partie de cette famille. Un sombre secret que l’artiste peintre ne découvrira qu’assez tardivement.

Mon avis :

L’écrivain abuse de phrases simples et courtes pour servir une écriture épurée qui relate la vie de
Charlotte, personnage éponyme qui grandit au sein d’une famille marquée par nombre de suicides tout aussi douloureux les uns que les autres. Au-delà de la tragédie familiale qui fait partie prenante du roman, on voit émerger, en toile de fond, une tragédie bien plus universelle avec les allusions aux horreurs de la guerre décrites par l’auteur : le rejet, la haine de l’autre nés du nazisme. Le style de l’écriture est déroutant mais ces phrases hachées ne sont-elles pas le signe de l’étouffement douloureux de la marche inéluctable vers la mort ? Ce livre est, on le sait dès le début, la chronique d’une mort annoncée après tout. Charlotte meurt  à Auschwitz à 26 ans alors qu’elle allait devenir maman.

Charlotte se protège elle-même en mettant en dessin, en peinture, en mélodie, en mots « sa vie » comme un témoignage, elle se laisse emporter dans une folie créatrice frénétique très riche. On se surprend à avoir le même frénétisme dans la lecture, on ne s’arrête pas ... on tourne les pages les unes après les autres tant nous sommes happés par l’histoire de cette Charlotte qui se réfugie dans l’Art pour exister. Et, pourtant, les dessins et leurs couleurs ne tiennent pas leurs promesses : l’artiste n’a pas le « droit » de prétendre au premier prix qu’elle gagne à l’école des Beaux-Arts de Berlin, sous prétexte qu’elle n’est pas née de race aryenne ...

On lit derrière cette destinée individuelle, celle de tous les Juifs durant la période sombre des années 30 en Allemagne, marquée par l’antisémitisme. Aussi, ce qui m’a marqué justement dans l’oeuvre de David Foenkinos est justement ce témoignage douloureux des crimes contre l’humanité perpétrés sous l’égide d’hommes aveuglés par la folie meurtrière. Une histoire dans l’Histoire. Et, là, le titre de l’oeuvre de Charlotte Salomon prend toute son ampleur ... Vie ? Ou Théâtre ?

Point info :

Pour information, petite vidéo qui traite de l’oeuvre de Charlotte Salomon :


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